Yangwang U9 Track Edition : record de vitesse et stratégie hypercar de BYD
Le fait brut : 472,41 km/h
BYD a annoncé le 8 août 2025 que le Yangwang U9 Track Edition avait atteint 472,41 km/h sur la piste d’essais ATP en Allemagne.
C’est, à ce jour, le record mondial de vitesse pour un véhicule électrique de série, fût-il en édition piste.
Derrière ce chiffre, une démonstration de force qui dépasse la simple performance technique.
Le message est clair : la Chine ne se contente plus de produire des voitures abordables, elle sait aussi rivaliser au sommet.
Le 14 septembre 2025, sur la piste allemande de Papenburg, la version Yangwang U9 Xtreme (U9X) a atteint 496,22 km/h, pilotée par l’Allemand Marc Basseng. BYD revendique désormais le titre de voiture de série la plus rapide du monde.
Une fiche technique pensée pour le record
Le U9 Track Edition aligne des chiffres qui donnent le vertige.
- Architecture électrique : 1 200 V, niveau inédit pour un véhicule de production.
- Moteurs : quatre blocs de 555 kW chacun, soit près de 3 000 ch cumulés.
- Suspension et châssis : le système DiSus-X contrôle indépendamment chaque roue.
- Poids : 2,48 tonnes à vide, masse considérable pour une hypercar, compensée par une puissance surdimensionnée.
- Aérodynamique : aile fixe, diffuseur réglable, splitter carbone, tout est conçu pour stabiliser le véhicule à près de 500 km/h.
- Pneus : semi-slick développés avec Giti Tire, capables de supporter des contraintes colossales de couple et de vitesse.
Le résultat n’est pas seulement une voiture rapide, mais une vitrine de savoir-faire technologique : BYD veut montrer qu’il maîtrise désormais tous les segments, du plus populaire au plus extrême.
Ce qui reste flou
La communication de BYD est triomphale, mais elle laisse aussi quelques zones d’ombre.
- Était-ce une version strictement « production », ou un prototype maquillé en série ?
- Les pneus semi-slick utilisés sont-ils homologués route, ou seulement piste ?
- La méthodologie du record n’a pas été précisée : vitesse aller-retour ou simple run ?
- Enfin, avec une batterie de 80 kWh, l’autonomie réelle à ces vitesses doit fondre comme neige au soleil.
Autrement dit, ce record est incontestable comme vitrine technologique, mais discutable dans sa transposabilité au client final.
Pourquoi BYD fait ça
BYD n’a pas besoin d’un hypercar pour vendre ses millions de véhicules.
Sa domination en Chine et sa percée en Europe tiennent déjà aux modèles de grande diffusion.
Mais la marque Yangwang, lancée début 2024, a une autre mission :
- Créer une vitrine technologique, capable de rivaliser avec Rimac, Lotus, Bugatti.
- Affirmer que BYD n’est pas seulement le roi du volume, mais aussi celui de l’innovation extrême.
- Répondre au besoin d’image : rassurer investisseurs et marchés occidentaux sur sa capacité à produire du prestige.
- Diffuser à terme des briques technologiques (1 200 V, contrôle vectoriel indépendant, suspension DiSus-X) vers des modèles moins exclusifs.
Le U9 Track Edition est donc un laboratoire roulant, déguisé en démonstration marketing.

Comparaison avec la concurrence
En atteignant 472 km/h, Yangwang déplace la ligne de front.
- Rimac Nevera plafonnait à 412 km/h, il vient d’être dépassé.
- Lotus Evija n’a jamais approché de tels chiffres, centrée davantage sur la légèreté et le design.
- Tesla Roadster promettait 400 km/h avec fusées auxiliaires, mais ce n’était qu’une promesse. BYD a livré un record tangible.
- Bugatti Chiron Super Sport 300+ reste devant avec 490 km/h, mais au prix d’un W16 thermique gargantuesque et d’une production ultra-limitée.
En clair : BYD ne joue plus dans la même cour que les autres constructeurs chinois. Il se mesure directement aux références mondiales.
Analyse prospective : que signifie ce record ?
Pour BYD, l’opération est limpide : installer Yangwang dans l’imaginaire mondial comme une marque de pointe. Et préparer l’export, car l’Europe et les États-Unis jugeront la crédibilité de BYD aussi à l’aune de ce type de coup d’éclat.
Pour le marché EV, c’est un signal clair : l’innovation n’est plus centrée à Stuttgart ni à Palo Alto, mais à Shenzhen.
Les constructeurs occidentaux devront suivre, sous peine de se laisser distancer même dans le segment du prestige.
Pour l’industrie automobile, ce record déplace le terrain de la compétition.
Après l’autonomie et la recharge, c’est désormais la vitesse qui devient un argument symbolique.
BYD impose son propre agenda, et force ses concurrents à s’y plier.
Pour la société, enfin, c’est un paradoxe : à l’heure où l’on prêche la sobriété, un véhicule de 3 000 chevaux est célébré comme un exploit.
Le U9 Track Edition n’est pas un outil de transition, c’est un manifeste.
Et comme tout manifeste, il dit plus que sa fiche technique : l’avenir de l’automobile se joue désormais ailleurs, et il s’écrit en mandarin.
Le lien vers le communiqué officiel de BYD

Chaque article part d’un document officiel (fiche produit, communiqué, rapport) pour en extraire les lignes de force industrielles, symboliques ou politiques. Une lecture rigoureuse, stratégique et sans naïveté.
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Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.