VUL électrique : l’angle mort stratégique de l’automobile
Le véhicule utilitaire léger (VUL) électrique est partout… mais rarement dans le radar stratégique des constructeurs et analystes.
Il circule dans toutes les zones à faibles émissions (ZFE). Il équipe les artisans, livre nos courses, roule sous subventions. Il incarne une électrification utile, concrète, immédiatement activable. Et pourtant, il reste le grand oublié : peu d’analyses produit, rarement mis en récit par les marques, encore moins valorisé dans les annonces industrielles.
L’utilité avant le style
L’électrique se cherche souvent des récits héroïques : accélération fulgurante, design futuriste, techno dernier cri. Mais dans l’utilitaire, le récit est ailleurs : dans la modularité, le coût total de possession, les services associés, la simplicité d’usage. Bref, une électrification de l’utile.
Renault et Stellantis en première ligne
Renault garde une position forte avec le Kangoo et le Master, prolongée par un projet symbolique : la réinvention de l’Estafette électrique. Stellantis domine par la masse, en multipliant les déclinaisons communes de ses bases techniques : ë-Berlingo, e-Partner, Combo-e, e-Ducato…
Mercedes, Ford, Volkswagen : premium ou généraliste, le VUL devient stratégique
Mercedes continue de décliner ses utilitaires électriques (eVito, eSprinter, eCitan), couvrant tout le spectre de l’artisan au fleet premium. Ford pousse son E-Transit et prépare un Transit Courier électrifié pour consolider sa place dans le B2B européen. Volkswagen Utilitaires déploie ses ID.Buzz Cargo et e-Crafter, avec une logique de flotte et de continuité dans les grands comptes.
Nouveaux entrants : Maxus et bientôt Kia
Maxus, filiale du groupe chinois SAIC, reste discret dans les médias français mais gagne du terrain avec ses eDeliver 3, 5 et 9. Une stratégie d’invasion progressive, soutenue par un rapport coût/autonomie compétitif. Kia a officialisé une offensive utilitaire électrique pour 2025, avec la volonté de combiner design, compacité et modularité.
Un enjeu de souveraineté industrielle
Derrière les VUL se joue bien plus qu’un segment discret :
- La sécurisation de la logistique urbaine.
- La souveraineté industrielle (capacité à produire en Europe, à garder des emplois locaux).
- L’innovation servicielle (forfaits, connectivité, financement packagé).
C’est un marché de masse, peu glamour mais absolument stratégique. L’électrification des VUL est peut-être l’un des leviers les plus rapides pour décarboner concrètement la mobilité.
Tableau comparatif des principaux VUL électriques (2025)
Constructeur | Modèles phares | Positionnement |
---|---|---|
Renault | Kangoo E-Tech, Master E-Tech, projet Estafette électrique | Historique, ancré dans le marché français, storytelling patrimonial |
Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel) | ë-Berlingo, e-Partner, Combo-e, e-Ducato, e-Jumper | Couverture exhaustive, synergies industrielles, leadership volume |
Mercedes-Benz | eVito, eSprinter, eCitan | Premium utilitaire, tous segments couverts |
Ford | E-Transit, Transit Courier EV (2025) | Focus sur B2B, force de frappe logistique |
Volkswagen Utilitaires | ID.Buzz Cargo, e-Crafter | Flottes, continuité corporate, image moderne |
Maxus (SAIC) | eDeliver 3, eDeliver 5, eDeliver 9 | Nouveau venu agressif, rapport coût/autonomie |
Kia | Offensive prévue 2025 | Design et modularité, ambition internationale |
Pour aller plus loin
Cette analyse est issue de mon étude sectorielle sur le VE en France (2025) : Lire le marché du VE en France : analyse stratégique complète
Illustration de l’article
Renault Estafette électrique – source : Renault Media
Une réaction, un désaccord, une idée ?
Cliquez sur la bulle 💬 rose en bas à gauche pour laisser un commentaire.
Je lis tout. Je réponds toujours.
Envie de faire circuler cet article ?
Vous pouvez le partager via les icônes en haut ou en bas de cette page.
Envie de suivre les prochaines publications ?
→ S’abonner à la newsletter

Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.