Marché du véhicule électrique en France : 5 vérités stratégiques (2025)
Le marché du véhicule électrique en France est souvent abordé sous un angle trop simpliste : autonomie, bornes de recharge, prix d’achat.
Ces indicateurs sont essentiels, mais ils ne disent rien des logiques profondes qui façonnent la dynamique du secteur. Une étude menée en avril 2025 (350 pages, >50 marques, >200 modèles) permet d’aller plus loin.
Voici cinq enseignements importants.
1. Le segment C : un faux-ami stratégique
Le cœur supposé du marché se révèle un piège. Trop cher pour les acheteurs rationnels, pas assez différenciant pour ceux qui recherchent le statut, le segment C électrique cumule les handicaps : coût total de possession dégradé, image confuse, expérience utilisateur moyenne. Les constructeurs qui misaient sur ce centre de gravité découvrent un terrain instable.
2. Les VUL électriques : un relais industriel négligé
La part des utilitaires légers dans les ventes de VE reste faible (autour de 7 %), et elle recule légèrement depuis 2023. Pourtant, ce segment concentre les véritables relais de production nationale. Les usines françaises produisent du VUL ; ignorer ce segment, c’est saper une base industrielle stratégique. Les politiques publiques et industrielles gagneraient à le reconnaître.
3. Le logiciel a pris le pouvoir
Ce n’est plus le moteur qui fait la différence, mais le code. L’expérience utilisateur embarquée, la possibilité d’activer des services à la demande (abonnements, boost temporaire, recharge intelligente), et les revenus récurrents deviennent le vrai moteur économique. Le logiciel définit désormais l’identité d’une marque autant que le design ou le châssis.
4. La disparition du milieu de gamme : usage contre statut
La polarisation du marché s’accentue. D’un côté, des véhicules simples, pratiques, accessibles, souvent B2B. De l’autre, des modèles premium statutaire, à forte image sociale. Entre les deux, l’indécision est mortelle : les modèles « ni-ni » disparaissent, trop fades pour séduire, trop chers pour convaincre. L’automobile électrique impose de choisir : usage ou prestige.
5. Les récits de marque sont en retard
Alors que les produits évoluent vite (plateformes 800 V, IA embarquée, logiciels sophistiqués), la communication marketing en reste au lexique des années 2010 : « voiture propre », « silencieuse », « futur de la mobilité ». Ce décalage brouille la lisibilité client. Les marques doivent réinventer leurs récits si elles veulent aligner discours et réalité technique.
Conclusion
Lire le marché, ce n’est pas l’inventorier. Ce n’est pas compter les modèles ni additionner les batteries, mais comprendre les dynamiques sous-jacentes : polarisation de la demande, domination du logiciel, désalignement marketing. La décennie qui s’ouvre sera décisive. Ceux qui resteront figés sur les mauvaises grilles de lecture risquent de disparaître.
Pour aller plus loin :
Vous souhaitez creuser au-delà de ces constats ?
Découvrez l’étude complète (350 pages, 50 marques, 200 modèles analysés) : Véhicules électriques en France : un marché plus stratégique que technique
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Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.