Engins de chantier électriques : réalités 2025, logistique de recharge et préconisations stratégiques
Sur les chantiers IRVE, j’ai souvent vu cette scène : on creuse des tranchées pour faire passer des câbles destinés à charger des voitures électriques… avec des pelleteuses diesel de 20 tonnes.
On parle écologie, transition, bas carbone. Mais on construit tout ça avec des moteurs thermiques.
L’absurdité est flagrante.
Et pourtant, des alternatives existent. Le matériel de chantier électrique est une réalité, de plus en plus crédible, à condition de regarder les choses en face, sans fétichisme ni caricature.Une offre élargie : du mini-urbanisme à la production lourde
Quelles machines sont disponibles aujourd’hui ?
On distingue trois grandes familles d’engins électriques disponibles ou en cours de déploiement :
Les engins légers / compacts
Utilisation : chantiers urbains, travaux de finition, sites sensibles (intérieurs, hôpitaux, ZFE…)
- Mini-pelles 1 à 3 t– Bobcat E10e, E19e, JCB 19C-1E, Volvo EC18 Electric, etc.– Autonomie : 3 à 5 h– Recharge AC 230 V (≈ 5–6 h) ou chargeur rapide DC (1–2 h)
- Nacelles, dumpers compacts, chargeurs sur pneus– Manitou, Wacker Neuson, Kramer, JCB (Autonomie variable selon usage)
Avantage : absence totale d’émissions locales, bruit très faible (enfin, pour un engin de chantier, quoi !)
Ces engins sont matures. Leur logistique est simple, ils s’intègrent facilement dans les chantiers urbains ou fermés.
Les engins intermédiaires
Utilisation : terrassement, VRD, réseaux, génie civil de taille moyenne
- Pelles de 5 à 10 t, chargeurs de 2 à 5 m³, dumpers articulés
- Acteurs : JCB, Wacker Neuson, Mecalac, Bobcat
- Autonomie : 4 à 6 h
- Recharge : souvent DC (rapide) indispensable pour un usage ‘continu’
Matériel en cours d’adoption, souvent réservé aux grands groupes ou aux chantiers pilotes. L’offre s’élargit mais reste sous contrainte de volume.
Les engins lourds
Utilisation : chantiers d’infrastructure, terrassement massif, routes, énergies, IRVE
Longtemps absents du marché, les engins lourds électriques commencent à émerger — timidement, mais sérieusement.
Zoom sur les engins lourds : réalités et conditions d’usage
Cas emblématique : Volvo EC230 Electric
- Pelle sur chenilles de 23 t
- Batterie lithium-ion ≈ 450 kWh
- Autonomie réelle : 4 à 5 heures de travail effectif
- Recharge rapide : 20 à 80 % en ≈ 1 h (DC 250 kW)
- Recharge complète via unité mobile ou réseau triphasé (5–6 h minimum)
C’est l’une des rares machines réellement industrialisées dans cette gamme.
Volvo a d’ailleurs développé tout un écosystème de recharge autour d’elle.
Unité mobile de recharge : Volvo PU500
- Capacité : 330 à 540 kWh selon versions
- Recharge nocturne possible (5 h sur 125 A triphasé)
- Autonomie électrique mobile pour alimenter plusieurs engins
- Permet de déployer l’électrique sur des sites sans réseau fixe fiable
Le PU500 n’est pas un accessoire. C’est le pivot logistique sans lequel la bascule électrique est intenable sur les chantiers lourds.
Pourquoi Volvo reste aujourd’hui le plus avancé
La stratégie de Volvo CE se distingue sur plusieurs points :
- Développement intégré machine + logistique + service
- Gamme cohérente : mini-pelles, chargeuses, pelle 23 t, unité mobile PU500
- Investissement en R&D soutenu, site web dédié (voir section ‘pour aller plus loin’)
D’autres constructeurs avancent (Caterpillar, Liebherr, JCB), mais aucun n’offre à ce jour une couverture aussi systémique du problème.
Recommandations stratégiques pour les maîtres d’ouvrage, exploitants et donneurs d’ordre
Ce qui doit changer immédiatement
- Intégrer l’unité mobile de recharge (type PU500) comme équipement de base sur les chantiers IRVE, ou tout chantier de réseau.
- Former les équipes : changer les réflexes d’utilisation, adopter une logique de recharge « en opportunité » (pause déjeuner, rotation…).
- Exiger des indicateurs TCO dans les appels d’offre publics (au lieu de se limiter au coût d’achat).
- Imposer des clauses d’électrification partielle ou totale dans les marchés publics.
- Collaborer avec les constructeurs (Volvo ou autres) pour garantir la disponibilité, les délais, les mises à jour techniques.
Conclusion : ne pas creuser la transition à la pelle diesel
La transition énergétique ne peut pas reposer sur des machines fossiles. Ce serait absurde – et discréditant.
Les machines électriques existent.
L’écosystème de recharge existe.
Les conditions d’usage sont connues.
Ce qui manque ?
La volonté de penser le chantier comme un tout énergétique, et pas seulement comme une succession de tâches.
C’est une transition. Il faut l’organiser.
Pour aller plus loin
Dans le lien suivant, vous trouverez une information complète sur le matériel électrique de chantier de Volvo, à mon sens le plus complet du marché à l’heure actuelle.

(Accès direct au site officiel Volvo CE – gamme complète de pelles, chargeuses, unités de recharge mobile, etc.)
Catégorie | Modèle / Équipement | Poids / Capacité | Batterie / Puissance | Usage cible / Commentaire |
---|---|---|---|---|
Unité de recharge mobile | Volvo PU500 | 7 600 kg | 540 kWh | Rechargement rapide des engins sans réseau |
Unité de recharge mobile | Volvo PU40 | 900 kg | 40 kWh (≈ 17 kW) | Recharge compacte et légère |
Engin lourd – pelle sur pneus | EW240 Electric (Material Handler) | 26 200 kg | 90 kW | Matériel pour manutention et tri. |
Engin – pelle sur pneus compacte | EWR150 Electric | 15 400–17 900 kg | 0,73 m³ godet | Compact, usage urbain ou recyclage |
Engin lourd – pelle sur chenilles | EC230 Electric | 21 322–26 170 kg | 450 kWh | Chantiers IRVE, infrastructure lourde |
Engin moyen – pelle sur chenilles | EC230 Electric (version 264 kWh) | 23 000–26 100 kg | 264 kWh | Alternative avec moins d’autonomie |
Engin lourd – chargeuse sur pneus | L120 Electric | 19 700–21 000 kg | 282 kWh | Chantiers lourds, terrassement |
Engin moyen – chargeuse sur pneus | L90 Electric | 14 500–17 300 kg | 180 kWh | Chantiers urbains et VRD |
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Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.