Ampere et Alpine : Cléon comme pivot stratégique de l’excellence électrique

Le 23 septembre 2025, Ampere a publié un communiqué officiel annonçant la mise en avant du site de Cléon comme base industrielle de la sportivité électrique d’Alpine.

Derrière cecommuniqué de presse, une lecture plus stratégique s’impose.
Renault ne se contente pas de vanter un site industriel : il inscrit Cléon dans une architecture où Ampere fournit la technologie, Alpine l’émotion et l’image, et Renault la cohérence d’ensemble.

Cléon, un symbole industriel réinventé

L’usine de Cléon est l’un des sites les plus emblématiques de Renault.
Historiquement dédiée aux moteurs thermiques, elle s’impose désormais comme un pilier de la production électrique.
Moteurs, modules, savoir-faire technique : Cléon devient l’atelier de l’électrification, à la fois héritier et pionnier.

Ce basculement est lourd de sens.
Au lieu de créer ex nihilo une nouvelle vitrine, Renault a choisi d’investir un site historique pour incarner sa transition. Un choix symbolique autant que stratégique.

La légitimation d’Ampere par Alpine

Associer Alpine à Cléon n’est pas neutre.
Alpine est plus qu’une marque : c’est un capital émotionnel, une histoire de sportivité, un prestige rare dans l’univers Renault.

En plaçant l’électrique sous le signe d’Alpine, Ampere crédibilise son projet.
L’électrique ne serait pas seulement une nécessité réglementaire, mais aussi une voie vers la performance et le plaisir de conduite.

Un discours corporate… mais révélateur

Le communiqué use de mots choisis : « excellence », « sportivité », « savoir-faire ».
Du jargon classique pour une communication d’entreprise, mais qui révèle l’ambition : faire accepter l’électrique non pas comme une contrainte mais comme un aboutissement.

En d’autres termes, Renault tente de déplacer le récit : la voiture électrique ne doit plus seulement séduire par son autonomie ou ses coûts d’usage, mais aussi par son imaginaire.

Une stratégie en cohérence avec l’architecture Renault

Ce texte prend toute sa valeur quand on l’inscrit dans la logique globale du groupe :

• Ampere : socle technologique et industriel
• Alpine : vecteur émotionnel et sportif
• Dacia : rationalité et simplicité
• Mobilize : bascule vers l’usage et la mobilité servicielle

Cléon, en accueillant les moteurs Alpine, devient le point de jonction entre héritage industriel et avenir électrique.

Enjeux et limites

Il serait naïf de voir dans ce communiqué une garantie de réussite. L’opportunité est claire : donner à l’électrique une légitimité sportive et émotionnelle, ce que peu de constructeurs ont réussi à faire.

Mais la limite est tout aussi visible : sans produits massifs et cohérents derrière, le risque est que cette mise en avant reste symbolique. Alpine ne peut pas, seule, tirer l’ensemble du groupe.

Conclusion

Cléon n’est pas seulement une usine historique de Renault, c’est désormais un pivot stratégique.
Avec le moteur 7DL, elle incarne la capacité du groupe à produire en France des composants électriques de haut niveau et à les relier directement à une vitrine comme Alpine.
Plus qu’un site industriel, Cléon devient un symbole : celui d’une transition réussie quand elle repose sur la cohérence entre savoir-faire, stratégie de marque et ambition technologique.

Derrière les mots convenus du communiqué, on distingue une manœuvre claire : faire de l’électrique non pas un produit imposé, mais une trajectoire désirée.

Pour replacer Cléon et le moteur 7DL dans la stratégie globale d’Ampere, voir aussi mon analyse des quatre piliers Renault, Dacia, Alpine et Mobilize.

Léon

Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.