Scottish terrier, le chien idéal pour un misanthrope
Il existe, quelque part dans les Highlands ou dans ton salon, une créature carrée, compacte, au regard noir et perçant, qui ne te demandera jamais si tu as passé une bonne journée.
Elle s’en fout. Elle t’aime. Mais elle n’aime que toi.
Ce n’est pas un chat. C’est le Scottish Terrier.
Un paradoxe à quatre pattes.
Un animal de compagnie pour ceux qui ne supportent pas la compagnie.
Physiquement improbable
Prenez un tonneau. C’est pour ça qu’on dit que le scottie est ‘tonnoïde’ !
Ajoutez quatre cure-dents très courts.
Vissez-lui une tête triangulaire, des oreilles de chauve-souris, une moustache de vieux philosophe allemand, et une mâchoire capable de broyer un os en fonte.
Félicitations : vous avez un Scottie.
Il ne trotte pas : il rase le sol, à la façon d’un Roomba en grève.
Ou d’un lapin, parfois : les deux pattes arrière en même temps, pour aller plus vite que l’air de rien.
On s’attendrait à une démarche lente, pesante, presque comique.
Erreur. Il te dépose !
Et il nique la tête de tous les rongeurs qui passent.
Et ce regard…
Les sourcils en toit de chaumière.
La truffe rigide.
Les oreilles dressées comme deux antennes de propagande.
Il te regarde. Et tu sens bien que ce regard ne tolère ni bêtise, ni mollesse, ni chemise à fleurs.
Les miens se sont appelés Toccata (froment, stoïque), Nietzsche (noir, intense), et Wittgenstein (bringé, logicien du jeu).
Ça vous situe l’ambiance.
Pas des cabots. Des penseurs.
Caractère pour humains peu sociaux
Le Scottie n’est pas un chien, c’est une monarchie constitutionnelle miniature.
Il t’accorde sa confiance après enquête.
Il te donne son amour sans retour, mais uniquement si tu le mérites.
Et une fois qu’il t’a choisi, tu es son humain. Sa tribu.
Le reste du monde peut aller se faire cuire le cul !
Il ne fait pas la fête. Il joue avec humour, grogne doucement, boude avec panache.
Il ne court pas après les balles, sauf si c’est pour les ignorer sous tes yeux.
Il ne cherche pas la bagarre, mais si elle vient, il ira, même face à un bouvier bernois de 70 kilos. Il s’en fout. Il est prêt.
Il aboie peu. Mais toujours à bon escient.
Ou pas. Ce n’est pas à toi de décider.
Et chose rare : il a de l’humour.
Littéralement.
Il comprend la vanne.
Il répond par une mimique, un regard en coin, un mouvement de tête plein d’ironie.
Ce chien juge ton niveau de sarcasme.
Et gare s’il n’est pas assez élevé.
Origines de classe et destin politique
Historiquement, le Scottie a été élevé pour chasser les nuisibles dans les tréfonds humides de l’Écosse : rats, lapins, et surtout… blaireaux. Ce qui explique :
- sa mâchoire d’acier (même puissance que celle d’un berger allemand, sur un chien de 10 kilos),
- son calme absolu (quand tu dois rentrer dans un terrier sombre avec un monstre dedans, tu apprends à respirer tranquille),
- et sa structure compacte (idéal pour rentrer dans des trous, et en ressortir avec une bête qui fait deux fois son poids entre les dents).
Mais comme tout ce qui fonctionne bien, il a été récupéré par les bourgeois. Il est devenu emblème, figurine, logo.
On l’a affublé de nœuds rouges, de lauriers, de noms ridicules.
Alors qu’au fond, c’est un ouvrier. Un prolo taiseux.
Un vrai chien de terrain, d’une loyauté inaltérable et d’un calme zen, bien plus apaisant que tous les labradors de concours.
Et côté robes ?
- Les bringés sont les plus anciens. Les plus nobles, selon certains.
- Les noirs sont les plus fréquents aujourd’hui, la norme dominante.
- Les froments sont plus rares et plus solaires
Une affaire de génétique : gènes récessifs, lignées, sélections.
On pourrait en parler comme d’une stratégie d’élevage ou d’un équilibre social.
On y revient.
Comportements rigolos
- Il boude avec une élégance de duchesse piquée. Il peut même te faire la gueule pendant plusieurs semaines !!!
- Il joue en râlant, comme un vieux grincheux qui ne veut pas admettre qu’il s’amuse.
- Il regarde le monde comme s’il avait tout compris.
- Il regarde ton chat comme s’il hésitait entre philosophie et anthropophagie. (Mais il n’en fera rien.)
- Il ne tolère pas l’eau, sauf s’il flotte dans tes bras avec une résignation noble, comme ici :

L’élevage qui rend tout ça possible
Il faut parler ici d’un endroit rare : Le Cercle des Gentlemen Terriers.
Trois femmes, une passion, et une dévotion absolue à cette race.
Elles élèvent peu, gardent les retraités, et ne produisent que des chiens équilibrés, joyeux, puissants, tendres, et… étonnamment polis.
C’est de là que sont venus mes chiens, et jamais je n’ai jamais été déçu.
Bien au contraire !
Leur approche n’est pas celle d’un élevage de masse, mais d’une transmission soignée, patiente, artisanale.
Elles savent que les Scottish terriers sont des êtres à part, alors elles les accompagnent et accompagnent leurs humains.
En conclusion
Le Scottish Terrier n’est pas fait pour tout le monde.
Mais si tu es du genre à préférer la solitude choisie au bavardage mondain,
Si tu trouves que la loyauté vaut mieux que l’obéissance,
Si tu veux un chien qui t’emmerde, mais le fasse avec classe et passion tout en t’accompagnant partout, mais avec exigence…
Alors c’est lui.
Il n’y a rien qui va : sauf ce chien.





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Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.