Exemple de matrice PESTEL proposée par le Crédit Agricole pour un business plan rapide. Pas d'aide à attendre d'une banque.

PESTEL ou l’illusion de l’analyse stratégique

Un outil qu’on remplit… mais qui ne pense pas pour vous.

Le PESTEL, vous connaissez.
Politique. Économique. Sociologique. Technologique. Environnemental. Légal.
Six colonnes.
Une grille.
Et une illusion de profondeur.
Car en réalité, le PESTEL est un tableau bien rangé qui ne dérange rien.
Facile à remplir. Rassurant à présenter. Inutile pour décider.

Un outil qui classe, mais n’analyse pas

Le PESTEL, c’est l’équivalent académique d’une boîte à chaussures compartimentée.
Chaque facteur externe y trouve sa case.
On aligne des bullet points :

  • Subventions publiques.
  • Inflation.
  • Sensibilité écologique des consommateurs.
  • Déploiement des batteries.
  • Réglementation européenne.

Et après ?
Rien.
On a classé. Pas hiérarchisé.
On a nommé. Pas tranché.
On a décrit. Pas orienté.

Les vraies tensions stratégiques sont ailleurs

Dans mon étude sur les véhicules électriques, le PESTEL n’a rien dit d’utile.
(honnêtement, je n’ai même pas vraiment essayé)

Ce qui comptait vraiment, c’étaient :

  • Les arbitrages industriels : produire en Chine ou relocaliser en Europe ?
  • Les ruptures technologiques : batterie sodium-ion ou lithium solide ?
  • Les conflits de récits : véhicule premium ou voiture populaire ?
  • Les zones grises : entre taxation écologique et incitations fiscales.

Autrement dit, tout ce qui n’entre pas dans une case.

Pourquoi ça plaît (quand même) en entreprise

Soyons honnêtes : le PESTEL rassure.

  • Les étudiants le maîtrisent vite.
  • Les consultants le vendent bien.
  • Les comités de direction adorent ses colonnes alignées.

Bref, ça meuble une présentation PowerPoint.
Mais ça ne fait jamais gagner une bataille industrielle.
Ni un client. Rien.
Ça ne fait rien gagner.

Au-delà du PESTEL : penser les tensions

La stratégie n’est pas une grille.
C’est un art du désordre maîtrisé.
Il ne s’agit pas de remplir des cases, mais de naviguer entre elles.
De relier ce qui ne se relie pas naturellement.
De rassembler ce qui est épars.
De comprendre que les ruptures viennent rarement d’une colonne isolée, mais d’un choc entre dimensions.

Utiliser PESTEL, c’est un peu comme croire qu’on peut bâtir un business plan sérieux en cinq minutes sur le site d’une banque.
Rassurant, rapide, colorié.
Mais en termes de stratégie, ça a la profondeur dun test de personnalité sur Instagram !

Conclusion : le PESTEL comme échauffement, pas comme stratégie

Utilisez le PESTEL si vous voulez.
Mais considérez-le comme un échauffement ou un amusement pour briller devant vos clients ou une occupation avec des jolis tableaux quand vous voulez donner de l’importance à un stagiaire, pas comme un outil de décision.

Le vrai travail stratégique commence quand on sort de la grille, qu’on accepte les tensions, et qu’on ose les arbitrages.

En somme : le PESTEL est à la stratégie ce que le fax couleur est à la communication moderne.

Un vestige rassurant, mais parfaitement inutile pour construire l’avenir.

Les outils qui obligent vraiment à penser

Contrairement au PESTEL, certains outils d’analyse poussent à arbitrer, hiérarchiser et décider.

  • SWOT : oblige à relier les forces et faiblesses internes aux opportunités et menaces externes, donc à faire des choix.
  • DAS (Domaines d’Activité Stratégique) : structure le portefeuille d’activités et contraint à penser en termes de priorités.
  • Cinq forces de Porter : éclaire la dynamique concurrentielle et révèle où se joue réellement la valeur.
  • Scénarios prospectifs : forcent à envisager plusieurs futurs plausibles et à préparer des réponses adaptées.

Ces outils n’ont pas de vertu magique, mais ils imposent une discipline intellectuelle : confronter des dimensions, trancher, et assumer des orientations.
Là où le PESTEL se contente de remplir des cases, eux obligent à penser.

Et penser, dans des métiers stratégiques, donc orientés sur le long terme, ce n’est pas un luxe : c’est littéralement la seule chose qui évite de piloter une entreprise au rétroviseur, en espérant que six colonnes bien alignées suffiront à conjurer les chocs du réel.
Autrement dit : croire qu’on fera progresser une organisation sans réfléchir sérieusement, c’est confondre stratégie et coloriage.

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