Macron le fossoyeur de la République
Il paraît que la Ve République tient encore debout. On ne sait pas trop comment.
Macron, lui, a trouvé la solution : l’efficacité par l’éphémère.
Un gouvernement nommé hier, démissionnaire aujourd’hui.
Moins de vingt-quatre heures entre la naissance et la mort politique.
Record battu, ridicule assuré.
Le chef d’œuvre de la vacuité
Le gouvernement Lecornu, né le 5 octobre 2025, a rendu les armes le 6.
Un exploit que même les pires troisièmes républiques n’auraient pas osé tenter.
Macron, qui confond vitesse et précipitation depuis 2017, voulait un “acte d’autorité” après des semaines de tractations stériles. Résultat : un pantin nommé à Matignon sans majorité, sans ligne, sans souffle et sans lendemain.
On nous avait promis l’efficacité, la stabilité, la “réconciliation des droites”.
On a eu un gouvernement en décomposition instantanée, un chef de l’État en roue libre, et une opposition qui s’est contentée de s’asseoir pour regarder la scène s’effondrer toute seule.
Un théâtre d’ombres, joué par des figurants.
Lecornu, l’éphémère utile
Macron le savait : Lecornu n’avait ni l’assise ni le souffle, mais la docilité suffisait.
Mission : tenir quelques mois, calmer la droite, sauver les apparences.
Durée d’exécution : vingt-quatre heures.
Un record national de précarité politique !
Lecornu a fait ce que tout homme lucide aurait fait : il a pris la porte avant de devenir un cadavre politique.
Son communiqué de démission parle de “conditions non réunies pour gouverner”.
Traduction : aucun cap, aucun soutien, aucun sens.
Le naufrage était inscrit dans la lettre de mission.
Retailleau, l’indigné de service
Bruno Retailleau s’est empressé de dénoncer “un gouvernement sans rupture”.
Il a raison, mais il oublie qu’il en a lui-même rêvé : la petite alliance des Républicains “responsables”, adossée à Macron, lui ouvrait des strapontins qu’il convoitait depuis des mois.
Mais comme tout bon politicien provincial, Retailleau a préféré crier trahison pour ne pas se retrouver collé au naufrage.
Son indignation sent le calcul électoral à plein nez :
le président de LR joue les vierges effarouchées pendant qu’il courtise les électeurs du RN avec les mêmes mots, la même peur, le même autoritarisme rance.
Il parle d’ordre, d’identité, d’autorité. Il ne parle jamais de justice, d’égalité, de démocratie.
Normal : il est déjà dans la post-démocratie.
Le RN, en embuscade
Et pendant que les pantins se déchirent, le RN compte les points.
Chaque chute de gouvernement est un bulletin de vote pour Marine Le Pen.
Bardella réclame la dissolution, Le Pen pose en présidente alternative, et les journalistes reprennent la musique du “bloc populaire”.
On fabrique le désastre à flux tendu, sous prétexte de restaurer la stabilité.
Ce n’est plus un effondrement politique : c’est un transfert de légitimité.
Macron use la démocratie à la corde, Retailleau la travestit, le RN ramasse les morceaux.
Tout ça au nom de “l’efficacité”.
L’illusion de mouvement
Nommer vite, démissionner vite.
Changer de premier ministre comme on change de filtre Instagram.
Ce n’est pas de la politique, c’est du storytelling institutionnel.
L’idée, c’est de faire croire qu’on agit.
Qu’un remaniement, c’est déjà une réforme.
Que la communication suffit à gouverner.
Mais quand tout devient communication, plus rien n’a de consistance.
Le mot “efficacité” n’a plus de sens : il désigne désormais la vitesse du désastre.
Un gouvernement-éclair, un quinquennat sans horizon, une présidence qui ne préside plus.
Tout va vite, tout se vide.
L’autoritarisme du vide
Macron n’est pas un chef d’État, c’est un gestionnaire d’effets d’annonce.
Il croit gouverner comme on pilote une start-up : un “move”, un “pivot”, un “reset”.
Sauf que la France n’est pas une app.
Et que l’efficacité n’a jamais consisté à faire de la merde la plus éphémère possible.
Ce qui reste, c’est le désordre, la défiance, la tentation autoritaire.
Car dans le chaos, la seule chose qui paraît “efficace”, c’est la force.
Et le RN, lui, sait parfaitement se présenter comme la force qui “rétablira l’ordre”.
Le déni démocratique : quand Macron renie la République
Après les élections législatives de 2024, la logique républicaine aurait voulu que le président nomme un Premier ministre issu de la majorité parlementaire.
Ce n’était pas une option, mais un devoir constitutionnel , rappelé d’ailleurs par Dominique de Villepin, gaulliste s’il en est, qui soulignait qu’un président “doit tirer les conséquences du suffrage universel”.

Cette majorité, selon l’interprétation la plus directe, pouvait s’incarner :
- soit dans le Nouveau Front Populaire (NFP), coalition arrivée en tête à l’Assemblée nationale,
- soit, à défaut, dans le Rassemblement National (RN), premier parti en nombre de voix.
Dans les deux cas, il existait une légitimité issue des urnes.
Certes, ni le NFP ni le RN ne disposaient d’une majorité absolue, mais le principe républicain n’est pas l’efficacité arithmétique : c’est la primauté du vote populaire.
C’est de là que découle le mandat, la confiance, la responsabilité politique.
Macron, lui, a choisi de faire autrement.
Ni NFP, ni RN : un gouvernement sans base électorale, sans majorité, sans mandat.
Une pure construction présidentielle, imposée d’en haut, sans la moindre légitimité démocratique.
En un mot : un reniement des fondements mêmes de la République.
Ce n’est plus une entorse, c’est une dérive.
Le pouvoir ne vient plus du peuple, mais de celui qui prétend le représenter malgré lui.
🔎 La Ve République a atteint ses limites
Ce qui se joue sous nos yeux n’est pas une simple crise politique : c’est l’épuisement structurel de la Ve République.
Un régime conçu pour donner un cap fort, un exécutif stable, et qui ne produit plus qu’un présidentialisme solitaire, coupé de tout contrôle démocratique.
Macron n’a pas seulement aggravé ce déséquilibre : il l’a poussé jusqu’à l’absurde. Le Parlement ne sert plus qu’à entériner, les ministres à communiquer, et la presse à commenter le vide.
Il n’y a plus de contrepouvoirs réels, plus de respiration institutionnelle.
La Constitution de 1958, taillée pour un chef d’État gaullien, devient un outil d’usure démocratique quand elle tombe entre les mains d’un président sans vision mais obsédé par la verticalité.
La Ve République ne gouverne plus : elle administre sa propre décomposition.
Et Macron, paradoxalement, en est à la fois le symptôme et le fossoyeur.
Il a prouvé qu’un régime conçu pour éviter le chaos pouvait désormais le produire par excès de contrôle.
Conclusion : le règne du vide est total
Macron voulait incarner la modernité, il ne symbolise plus que l’instabilité.
Retailleau croit rassembler la droite, il ne fait que la dissoudre.
Lecornu croyait gouverner, il n’a même pas gouverné une journée.
Et le RN s’installe, patiemment, dans les ruines.
L’efficacité selon Macron, c’est ça :
Faire, défaire, disparaître.
Et laisser les autres ramasser la poussière.
On dissèque ici des idées, des textes ou des figures pour en exposer les mécanismes, les ambiguïtés, les usages. Un scalpel dans la main gauche, la pensée critique dans la droite.
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Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.