Loi Duplomb : comprendre un recul environnemental sous couvert d’urgence agricole
Sous couvert d’“urgence agricole”, le gouvernement creuse un fossé déjà béant : celui qui sépare l’agro-industrie triomphante des pratiques respectueuses du vivant. La loi Duplomb, adoptée en plein été, marque un tournant dangereux.
Depuis des années, on nous parle de ‘transition écologique’, de ‘biodiversité’.
Mais à chaque crise, ce sont toujours les mêmes choix : privilégier les intérêts de l’agro-industrie au détriment des exploitations à taille humaine, de la cohérence environnementale et du long terme.
La loi Duplomb, qui vient d’être adoptée, en est une illustration brutale.
Le retour des néonicotinoïdes : un danger documenté
L’acétamipride et le flupyradifurone, deux substances neurotoxiques pour les pollinisateurs, sont à nouveau autorisées par dérogation.
L’INRAE rappelle pourtant leur rôle direct dans le déclin des abeilles, déjà fragilisées par les pressions agricoles intensives et le changement climatique.
Mégabassines : problème durable, réponse courte vue
Leur reconnaissance comme ‘projets d’intérêt général majeur’ facilite leur multiplication.
Le BRGM alerte pourtant sur leurs conséquences : aggravation des tensions hydriques, altération des milieux aquatiques, accentuation des conflits d’usage.
Mais l’image de l’agriculteur arrosant ses champs en plein été semble peser plus que les données hydrogéologiques.
Seuils ICPE doublés : industrialisation sans contrôle
On passe de 40 000 à 85 000 volailles sans déclaration ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement).
Moins de transparence, moins de contrôles sanitaires, moins de garde-fous environnementaux.
France Nature Environnement alerte : ce sont des portes grandes ouvertes à une intensification encore plus opaque.
Conseil et vente de pesticides à nouveau réunis
C’est un retour en arrière significatif.
La séparation entre conseil et vente, instaurée en 2021, avait permis une réduction mesurée de l’usage des produits phytosanitaires (–12 % en trois ans).
La loi Duplomb abroge cette séparation, réinstaurant de fait un système propice aux conflits d’intérêts et à la dépendance chimique.
À qui profite le crime ?
Grands groupes, coopératives majoritaires, syndicat dominant (FNSEA) : ce sont les gagnants évidents.
Les exploitations familiales, elles, encaissent la double peine : pression concurrentielle accrue, et aides à la transition écologique devenues cosmétiques.
Le modèle agricole se concentre, s’uniformise, s’épuise.
La politique écologique selon Macron : constance du recul
Depuis 2017, la trajectoire est lisible.
Réautorisation des néonicotinoïdes, affaiblissement des missions de l’OFB, interdictions reportées, engagement carbone vidé de sens.
La loi Duplomb poursuit une logique bien installée : les mots pour l’écologie, les actes pour l’agrobusiness.
Une perspective préoccupante
Ce texte creuse davantage encore le fossé entre agriculture intensive et agroécologie.
Il survient à un moment critique : les sécheresses s’intensifient, les rendements se fragilisent, les modèles agricoles doivent muter.
La loi Duplomb fait l’inverse : elle verrouille un modèle vulnérable au moment où il faudrait le transformer.
Derrière les slogans sur “l’équilibre” entre écologie et production agricole, un seul modèle s’impose : celui de l’industrialisation à marche forcée.
Pour agir : signer la pétition officielle
Une pétition demandant l’abrogation de la loi Duplomb est en ligne :

Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens. – Cette loi est un acte dangereux.
Pour les travailleurs, les habitants, les écosystèmes, les services écosystémiques, et pour l’humanité tout entière.
Elle fragilise les réseaux trophiques et compromet la stabilité de notre environnement — dont nous dépendons intégralement.
Nous sommes ce que nous mangeons, et vous voulez nous faire manger quoi ? Du poison. 📚 Les grands textes l’avaient déjà dit :
Le rapport Brundtland, l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (MEA), les rapports du GIEC, les études de l’OMS, de l’INRAE, de Santé Publique France… Tous alertent depuis des décennies sur les conséquences des politiques destructrices du vivant et de la santé.
Et pourtant, vous persistez à légiférer contre l’intérêt général. ⚖️ Un acte possiblement inconstitutionnel.
Selon l’article L110-1 du Code de l’environnement, l’État français est garant de principes environnementaux comme: « 6° Le principe de solidarité écologique, qui appelle à prendre en compte, dans toute prise de décision publique ayant une incidence notable sur l’environnement des territoires concernés, les interactions des écosystèmes, des êtres vivants et des milieux naturels ou aménagés ; » Et la LOI constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005 relative à la Charte de l’environnement (JORF n°0051 du 2 mars 2005 page 3697) (annexée à la Constitution de 1958) dans son chapitre 1er : « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. » En validant cette loi, vous violez potentiellement ce droit constitutionnel, et portez atteinte à l’obligation de précaution, pourtant consacrée par le principe n°15 de la Déclaration de Rio et repris dans notre droit. Je m’oppose donc à la Loi Duplomb. Par cette pétition, je demande :
– Son abrogation immédiate ;
– La révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée ;
– La consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit. Aujourd’hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser.
Sources
INRAE – Avis scientifique sur les effets des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs :https://www.inrae.fr/actualites/neonicotinoides-pollinisateurs-inrae
BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) – Impacts hydrologiques des retenues d’eau de substitution :https://www.brgm.fr/fr/actualite/publication/impacts-hydrologiques-retentions-eau-substitution
France Nature Environnement (FNE) – Analyse de la loi Duplomb et de ses conséquences environnementales :https://fne.asso.fr/communiques/loi-duplomb-recul-ecologique
Pétition officielle pour l’abrogation de la loi Duplomb :https://lnkd.in/emG8VSVu
On dissèque ici des idées, des textes ou des figures pour en exposer les mécanismes, les ambiguïtés, les usages. Un scalpel dans la main gauche, la pensée critique dans la droite.
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Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.