Lait : tonds l’éleveur, la marge est plus douce
En 2002, les éleveurs percevaient 45 % du prix d’un litre de lait.
En 2022, ils n’en reçoivent plus que 29 %.
Pendant ce temps :
- la grande distribution a presque doublé sa part (de 15 à 28 %),
- l’industrie agroalimentaire a grappillé encore un peu plus (de 40 à 43 %).
Moralité : plus tu es loin de la vache, plus tu gagnes.
Une répartition qui s’inverse
Ce graphique ne dit pas tout. Mais il dit assez.
Il montre une chose simple : ceux qui produisent sont systématiquement perdants, pendant que les maillons dominants captent la valeur.
Et le mot “valeur” est bien choisi : il ne s’agit pas ici d’éthique, de reconnaissance ou de qualité… mais de marge nette en bas de colonne Excel.
Qui décide de ça ?
Ce n’est pas le climat, ni le libre marché, ni le prix mondial du soja.
C’est un choix systémique :
- négociations annuelles biaisées,
- guerre des prix en rayon,
- pression logistique et politique sur les producteurs.
Le “consommateur roi” n’est qu’un alibi. Le vrai pouvoir, c’est le pouvoir de fixer les conditions et aujourd’hui, ce sont les distributeurs qui tiennent la plume.
Pas de vaches ici
On ne parlera pas ici de la condition animale, ni de veaux séparés trop tôt, ni de traite mécanique sous tension.
Parce que le plus gros problème de cette filière, avant même l’éthique, c’est la captation systématique de la valeur par ceux qui ne produisent rien.
Ce n’est pas de l’idéologie. C’est de la comptabilité.
Références utiles
- Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) Rapport au Parlement 2022 (via FranceAgriMer / INSEE) : étude complète sur la répartition de la valeur dans la filière agricole, notamment la part captée par la distribution versus les producteurs.
- Le Monde / Vie-Publique : Article de fond sur les limites du dispositif EGalim, notamment en matière de régulation des marges et complexification du cadre juridique.
- INSEE : données sur les hausses des prix agricoles à la production (par exemple +30 % entre 2020 et janvier 2023).
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Léon Chelli arpente les mondes de l’automobile et des énergies renouvelables à travers la transition écologique. Il y déchiffre mutations industrielles et stratégies de marché avec la lucidité un peu sauvage d’un promeneur qui choisit ses propres sentiers.
Il explore les transitions avec une vision systémique, entre ironie assumée et clarté analytique.
