Oryctérope du Cap (aardvark) dans son habitat naturel.

Aardvark : premier de la classe ou gros canular alphabétique ?

L’aardvark — ou, pour les francophones sérieux, l’oryctérope du Cap — a une injustice collée au front : il commence l’alphabet.
Pas grâce à son génie, pas grâce à son élégance (quoi que… personnellement, je suis totalement fan !), non… juste parce que deux « a » d’affilée, ça propulse direct en tête des dictionnaires.
Depuis, il trône comme un premier de la classe par pur hasard orthographique.
Mais c’est classe !

Et pourtant, le rencontrer laisse perplexe. Imaginez un cochon bodybuildé, équipé d’un groin tubulaire façon aspirateur Dyson, planté sur des oreilles de lapin et des griffes de fourmilier.
Bienvenue dans le monde de l’aardvark, mammifère africain qui creuse des terriers dignes de bunkers et passe ses nuits à engloutir des termites par centaines de milliers.

Scientifiquement, c’est encore plus bizarre.
L’aardvark n’est pas un cochon, pas un fourmilier, pas un tatou.
Il a sa propre famille, son propre ordre zoologique, isolé comme un élève au fond de la classe dont personne ne comprend le projet.
Un solitaire dans l’arbre de l’évolution.
(Et là, je l’aime encore plus.)

Et il faut ajouter : ses dents.
Bien sûr.
Traversées de centaines de petits tubes, sans émail, elles repoussent en continu comme des champignons.
Son nom grec, « oryktérope », veut dire littéralement « gueule de mineur ».
La poésie des zoologistes n’est pas toujours au rendez-vous.

Son arme secrète ?
Une langue collante de 30 centimètres, capable de fouiller les galeries de termites comme une baguette magique gluante.
Ses griffes, elles, percent le sol avec la délicatesse d’une pelleteuse.
Et ses terriers deviennent des refuges pour une foule d’autres espèces africaines : du suricate au python, tout le monde squatte chez l’aardvark.
Comme quoi, même les marginaux rendent service.

Strictement nocturne, solitaire, monomaniaque (termites ou rien), l’aardvark vit depuis des millions d’années sans rien demander à personne.
Sa viande est jugée coriace et fade, mais ses griffes et ses dents servent parfois de talismans.
Bref, même quand il ne fait rien pour plaire, il finit toujours par être utile.

Oryctérope du Cap adulte avec son petit.
Un aardvark avec son petit. Ces animaux solitaires ne se retrouvent qu’au moment de la reproduction.

Alors, premier de la classe ou imposteur alphabétique ?
Les deux.
L’aardvark n’a pas demandé à ouvrir le bal des dictionnaires, mais il s’est taillé une place à part dans le bestiaire de l’évolution.
Un drôle de cochon à groin d’aspirateur, oreilles de lapin et dents en tubes, qui creuse, mange, et recommence, imperturbable depuis la nuit des temps.

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